Compétitivité ou santé ? Le choix de la loi Duplomb
Début juillet, il s’est passé quelque chose d’important.
J’ai l’impression que tout le monde parle de la loi Duplomb… mais dès que je sors des cercles naturo ou écolo, je me rends compte que ce n’est pas vraiment le cas. Alors j’avais envie d’en parler ici.
Le 8 juillet dernier, l’Assemblée nationale a voté à la majorité la loi Duplomb. Cette loi réautorise notamment l’usage de pesticides de la famille des néonicotinoïdes, interdits depuis 2018 et décriés par tous les experts scientifiques, au nom de la compétitivité avec d’autres pays d’Europe qui, eux, les utilisent encore.
J’ai vécu ce vote comme un grand retour en arrière. Une vraie incompréhension face à un système politique qui, une fois de plus, ne priorise pas la santé ni la préservation des écosystèmes.
Au même moment, je lisais un petit livre aussi éclairant que percutant : Bien manger pour vivre mieux, de Pierrick de Ronne, ancien président de Biocoop — une enseigne que j’estime vraiment pour son engagement, là où d’autres comme Naturalia ou Bio c’Bon ont été rachetées par de grands groupes de la distribution.
Je vous recommande vivement ce livre. Il résume avec une grande clarté les enjeux agricoles majeurs de notre époque : dépendance aux intrants chimiques, précarité des producteurs, hégémonie de la grande distribution, illusion du “bio discount”… Il montre qu’un autre chemin est possible en matière d’agriculture : celui d’un bio exigeant et cohérent, pensé comme un projet de société.
Un modèle qui ne se contente pas d’un label, mais qui porte des valeurs de relocalisation, de respect du vivant, de juste rémunération des producteurs, et de replacer chaque consommateur dans un rôle actif, éclairé, engagé face à ce qu’il choisit de soutenir dans son assiette.
Et la loi Duplomb me semble à l’opposé de ce chemin : le choix de la productivité à court terme, des intérêts économiques avant la santé publique (y compris celle des agriculteurs, qui sont les premiers impactés), du soutien aux filières polluantes plutôt qu’aux alternatives durables.
Comme le dit Pierrick de Ronne dans son livre : “Un système perdant-perdant, des producteurs aux consommateurs.”
Alors que faire ?
Pour moi, il y a deux actions possibles :
Signer la pétition contre cette loi.
Avec près de 2 millions de signatures, c’est un mouvement sans précédent : il ouvre la voie à un débat à l’Assemblée dès la rentrée. Ce n’est pas rien !
Et surtout, soutenir un autre modèle. Ma réponse, encore et toujours, c’est le bio.
Parce qu’aujourd’hui, ce modèle reste fragile : seulement 6 % de la consommation alimentaire et 10 % des terres agricoles en France.
Tant que ce modèle reste minoritaire, tant qu’on ne comprend pas que le “pas cher” se paie plus cher en impacts sanitaires et environnementaux, alors il y aura des lois Duplomb.
Le bio n’est pas une mode passagère. C’est une réponse aux enjeux de notre époque. Et j’aimerais que l’État donne l’impulsion : en soutenant activement les filières durables, en organisant la transition et en donnant un avenir au monde agricole.
Comme l’écrit Pierrick de Ronne dans un passage que je trouve particulièrement juste :
“À ceux qui affirment que la généralisation de ce modèle coopératif est une utopie, je réponds que l'utopie est nécessaire. (…) Pour que les choses bougent, il ne faut pas attendre que toutes les solutions techniques soient disponibles, que toutes les impasses soient levées et que chacun soit rassuré sur son compte. Il faut avancer avec le militantisme comme moteur, créer les conditions favorables à l'émergence de solutions et d'innovations bénéfiques à tous, mais aussi accepter certains renoncements.”